J’ouvre ici une nouvelle section, pour constituer un petit herbier de poésie botanique. Pour l’ouvrir, j’ai choisi de traduire « Some trees », de John Ashbury, issu de son premier recueil, éponyme.
Ceux-ci sont incroyables : chacun
Se raccordant à son voisin, comme si la parole
Était une performance continue.
S’arrangeant par hasard
Pour se rencontrer aussi loin en ce matin
Du monde qu’on s’accorde
Avec lui, toi et moi
Sommes soudain ce que les arbres essaient
De nous dire de nous :
Que leur simple être, là
Signifie quelque chose — que bientôt
Nous allons toucher, aimer, clarifier.
Et heureux de n’avoir pas seulement inventé
Une telle suavité, nous sommes encerclés :
Un silence déjà rempli de bruits,
Une toile sur laquelle émerge
Un choeur de sourires, un matin d’hiver.
Placés dans une lumière étrange, et mouvants,
Nos jours mettent une telle réticence
Ces accents semblent leur défense.