Tentative de traduction « Planting a Sequoia », un poème extrait de The Gods of Winter, Graywolf Press, 1991.
Toute l’après-midi mes frères et moi avons travaillé dans le verger,
Creusant ce trou, te disposant dedans, le rebouchant avec précaution.
La pluie obscurcit l’horizon, mais les vents froids la retinrent sur le Pacifique,
Et le ciel au-dessus de nous resta du même gris terne
Qu’une année qui touche à sa fin.
En Sicile, un père plante un arbre pour célébrer la naissance du premier fils —
Un olivier ou un figuier — signe que la terre a une vie de plus à porter.
J’aurais voulu faire la même chose, renflouer fièrement le verger de mon père
D’une verte pousse, s’élevant au milieu des branches tordues des pommiers,
La promesse d’un fruit nouveau pour d’autres automnes.
Mais aujourd’hui, à genoux dans le froid pour te planter, toi, indigène et géant,
Nous défions les coutumes de nos pères,
En enveloppant dans tes racines une mèche de cheveux, un cordon ombilical,
Tout ce qui sur la terre reste de la naissance d’un premier fils,
Quelques atomes égarés, renvoyés aux éléments.
Nous te donnerons ce que nous pourrons — notre travail et notre sol,
Une eau tirée de la terre lorsque les cieux feront défaut,
Des nuits parfumés par le brouillard de l’océan, des jours adoucis par la tournée des abeilles.
Nous te plantons dans le coin du jardin baigné par la lumière venue de l’ouest,
Mince pousse dressée contre le coucher du soleil.
Et même lorsque notre famille aura disparu, que seront morts ses frères non-nés,
Éparpillés tous les neveux et nièces, que tombera en miette la maison,
Que la beauté de sa mère ne sera plus que cendres au vent,
Je veux que tu te dresses au milieu des étrangers, tous pour toi jeunes et éphémères,
Et que silencieusement tu gardes le secret de ta naissance.
Mise en lumière des odeurs, toucher la terre. Laisser pousser.