Madeleine Lee, née en 1962, a bénéficié d’une résidence au Jardin botanique de Singapour en 2014-2015 pour écrire flinging the triplets. Mais le poème que j’essaie de traduire aujourd’hui date de 2004 et fait partie du recueil fiftythree/zerothree.
donc l’arbre à pluie tomba
violé en réunion
par trois hommes portant des balaclavas
montant de grands chevaux noirs tout huilés
d’abord l’un debout sur une nacelle élévatrice
en plastique orange et couverte de boue
se balançant hardiment depuis le bout
d’un bras mécanique qui oscillait
au son d’un moteur vrombissant
et mu par cet instinct qui nous fait brandir
d’énormes armes telle cette machine aux
dents rotatives qui en effet a dévoré
la naïve dentelle de chlorophylle humide
aux couronnes de plumes roses chues
le deuxième manipulait un bras métallique
avec trois articulations pour lever ses fagots
de branches d’angsana coupées gisant
dans leur sang, mourant sur le sol
les empilant sur un plateau gueule ouverte
avide de côtelettes fraichement coupées
tout cela sous le grondement
d’une tronçonneuse s’aménageant
avec dextérité un trajet à travers la
ligne de front d’une armée botanique
le troisième semblait davantage passif se contentant
de s’assurer que les cadavres
aux membres disloqués étaient bien rangés
et avec eux l’évidence du meurtre
comme il vidait hébété les charges moindres
dans le cercueil de métal carillonnant
prison de murs rigides sans fenêtres
de la taille d’un petit container
— peint en vert comme en guise de consolation —
à l’arrière du troisième cheval noir
et donc la pluie tomba