Virgile répète assez, dans l’Enéide, que ses héros (se contentant de suivre les décrets divins) ne sont pas responsables du cours des événements pour que le lecteur finisse par le croire :
C’est la rigueur des dieux qui détruit cet empire (II, 602, trad. Marc Chouet)
On nous peint un monde proche de celui où s’agitent les héros d’Homère : les vieux de l’Olympe, tout puissants, y imposent leurs réussites et leurs échecs à des marionnettes réduites à chanter et à prier pour un avenir plus faste. Les dieux sachant tout, décidant tout, ont toujours un train d’avance et le dénouement de la guerre qui oppose Turnus et Enée (chants XI-XII) peut même de ce fait nous être racontée dès la fin du chant VIII. Pourtant, au Chant X, un coup de théâtre vient briser cette ontologie ronronnante, pour y introduire une drôle de zone d’incertitude. Lire la suite « Le coup de théâtre de Jupiter »